AVIS DES CRISTALIENS
LINE UP
Goran Kajfes : trompette, Crumar Evi, guitare électrique, percussions
Jonas Kullhammar : saxophone ténor, flute, saxophone alto plastique
Per « Ruskträsk » Johansson : saxophone baryton et sopranino, clarinette basse, flute et flute alto
Per « Texas » Johansson : saxophone ténor, clarinette basse et contrebasse, hautbois d’amour
Reine Fiske : guitare électrique, mellotron
Robert Östlund : guitare électrique
Jesper Nordenström : orgue Crumar, Fender Rhodes, synthétiseur Moog, piano préparé, celesta
Johan Berthling : guitare basse
Johan Holmegard : batterie, percussions
Juan Romero : berimbau (titre 5)
Goran Kajfes Subtropic Arkestra
The Reason Why Vol. 3
Résumé
Compositeur, arrangeur, chef d’orchestre et musicien parmi les plus prolifiques de la scène suédoise, comptant à son actif des collaborations avec des artistes aussi divers que José Gonzáles, Eagle-Eye Cherry ou Lester Bowie, le trompettiste Goran Kajfeš dirige une nébuleuse de groupes dont le Subtropic Arkestra n’est pas le moins passionnant. En concevant la trilogie The Reason Why, amorcée en 2013, il a entrepris de révéler – comme le nom dont il l’a baptisée le laisse entendre – la multitude des références qui ont nourri son imaginaire musical. Ce musicien fécond est le fils de Davor Kajfeš, pianiste de jazz croate expatrié en Suède à la fin des années 1960, fondateur du culte Zagreb Jazz Quartet, proche de John Lewis, qui tourna, entre autres, avec l’American Folk Blues Festival. Avec pareille généalogie, Goran Kajfeš pouvait-il être autrement que fondamentalement éclectique ? Remarqué au début des années 2000 avec son premier album Home (paru sur Blue Note) par sa capacité à fondre le jazz dans les beats d’une électronique teintée d’exotica, le musicien n’a pas cessé de transgresser les frontières entre les genres avec un évident bonheur, presque comme une philosophie – ce nouvel opus en apporte une fois de plus confirmation.
The Reason Why ou, pourrait-on dire, toutes les musiques qu’ils aiment, lui et ses acolytes, est le résultat de cette démarche qui, en trois volets, revisite titres obscurs, perles secrètes et opus contemporains hors de toutes considération de styles ou de notoriété. Si par son nom, le Subtropic Arkestra se place sous le patronage symbolique de Sun Ra, c’est moins dans la volonté d’affirmer une descendance esthétique que dans la manière d’envisager la musique comme une odyssée et le brassage sonore comme la clé d’un accès à l’infinité cosmique. Car s’il se fait un bonheur de revisiter à sa manière certains des innombrables grooves de l’Afrique, du Bénin à l’Ethiopie en passant par le Nigeria, le Subtropic ne connaît pas les frontières continentales et se plait volontiers à embarquer l’auditeur dans quelque échappée atmosphérique vers un ailleurs planant volontiers baigné des couleurs du psychédélisme des claviers vintage.
Puisant avec ses neuf musiciens – tous brillants représentants du jazz scandinave – dans un magma sonore dont il tire des pépites aussi inattendues que scintillantes, Goran Kajfeš et le Subtropic Arkestra parcourent dans ce troisième volume un florilège aussi éclectique qu’enchanteur, passant à la moulinette de leur propre son des morceaux empruntés à tous les horizons ou presque. D’un titre repris à l’un des graals de la musique éthiopienne, le très prisé LP Tche Belew de Hailu Mergia & The Walias (avec Mulatu Astatkte) de 1977 jusqu’à la cover de Sandy de Caribou (alias le producteur électro canadien Dan Snaith) repris de l’album Andorra (2007), ce sont trois décennies de musiques que cet ultime volume traverse allègrement, en une série de morceaux aussi improbable que jubilatoire : Trance Dance de Christer Bothén & Bolon Bata, titre emblématique de la fusion made in Sweden ; Le Monde Avait Cinq Ans de Bernard Fèvre, maestro du synthé seventies à la française samplé par Aphex Twin et The Chemical Brothers, tiré du cultissime Cosmos 2043 ; I’m On My Way extrait de l’unique album du groupe US ’69 (ex Mustard Family) formation psyché-pop aussi obscure que mythique du Connecticut ; Ne rien voir, dire, entendre du (Tout-Puissant) Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, groupe légendaire du Bénin et du funk africain ; You Can Count On Me signé Noah Lennox, alias Panda Bear, voix stellaire du groupe Animal Collective, génie étrange de la pop actuelle connu du grand public pour sa collaboration avec Daft Punk…
Tous se retrouvent fondus au creuset du Subtropic Arkestra, au fil d’un disque luxuriant qui, loin de sonner comme un fourre-tout musical, invite au contraire à se laisser emporter dans son flux de musiques, aux vertus tour à tour excitantes comme oniriques, duquel se détache parfois la trompette du leader qui sonne comme un trait d’union entre le Miles Davis électrique de Bitches Brew et le Don Cherry précurseur de la sono mondiale. De quoi conclure en beauté cette trilogie avant que le Subtropic Arkestra ne se consacre, à l’avenir, à interpréter les compositions de son leader et de ses membres. Une nouvelle aventure s’annonce… Mais n’allons pas trop vite ! Pour l’heure, savourons ce troisième volume qui, paré des couleurs de l’arc-en-ciel, offre une conclusion heureuse à un trip audacieux, aussi heureusement imaginé que produit.
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Tracklisting
01. Ibakish Tarekigne (Hallu Mergia and The Wallas) – 5’40
02. Trance Dance (Christer Bothén featuring Bolon Bata) – 8’54
03. Le Monde Avait 5 Ans (Bernard Fevre) – 5’42
04. I’m On My Way/Patch Of Blue (US 69) – 9’45
05. Ne Rien Voir, Dire, Entendre (Orchestre PolyRythmo de Cotonou) – 8’56
06. You Can Count On Me (Panda Bear) – 6’26
07. Sandy (Caribou) – 6’49
AVIS DES CRISTALIENS
LINE UP
Goran Kajfes : trompette, Crumar Evi, guitare électrique, percussions
Jonas Kullhammar : saxophone ténor, flute, saxophone alto plastique
Per « Ruskträsk » Johansson : saxophone baryton et sopranino, clarinette basse, flute et flute alto
Per « Texas » Johansson : saxophone ténor, clarinette basse et contrebasse, hautbois d’amour
Reine Fiske : guitare électrique, mellotron
Robert Östlund : guitare électrique
Jesper Nordenström : orgue Crumar, Fender Rhodes, synthétiseur Moog, piano préparé, celesta
Johan Berthling : guitare basse
Johan Holmegard : batterie, percussions
Juan Romero : berimbau (titre 5)