Monk and More

Résumé

“À 16 ans, j’ai découvert la version live d’Off Minor enregistrée à Paris en 1961. C’était un vinyle, offert par ma mère et ma sœur, qui vivaient déjà en France. Moi, j’étais en Bulgarie. Là-bas, à l’époque – fin des années 1960 – on n’écoutait le jazz qu’en cachette. Ce vinyle a été un choc. Je n’ai pas compris grand-chose, mais, d’une façon non raisonnée, j’ai reçu l’énorme charge émotionnelle de ce que j’entendais. J’ai passé deux-trois ans à relever fidèlement, à analyser ce Off Minor. Et l’émerveillement ne m’a pas quitté.

Pendant que je cherchais mon propre langage à travers tout ce que j’écoutais – Ray Charles, Bartok, Strawinsky, Ellington, Coltrane, les Beatles, Miles, Carla Bley, Chhick Corea, Berio, les traditions bulgares – Thelonious a toujours éclairé mon chemin.

Dans mon projet Monk and More, je rends hommage à son génie. Sans l’imiter. Toute redite est inutile, et les vrais amateurs seront d’accord : on préfère écouter l’original plutôt que les suiveurs ! Mais je reste fidèle à ce qui a causé le choc d’autrefois : l’esprit de sa musique. J’essaie. Je ne suis pas sûr que Monk aurait aimé. Comme tout génie authentique, il était plongé dans le monde qu’il avait créé. Un monde qui, depuis, a inspiré beaucoup de musiciens. On rallume le flambeau avec son propre carburant.

D’où ce Monk and More, entendu bien sûr non comme « et plus », mais comme « et encore ». J’ai introduit, parmi les compositions de Monk, quatre des miennes. Je ne cherche pas à y reproduire le style du Maître. Les amoureux de Thelonious reconnaîtront l’empreinte qu’il a laissée en moi, malgré les différences entre nos mondes musicaux !

Je suis heureux d’avoir enregistré cette musique dans ma ville de naissance, Sofia, dans les conditions exceptionnelles de la Radio nationale bulgare. J’étais entouré par ces deux magnifiques musiciens que sont Hristo Yotsov et Dimitar Karamfilov, qui ont compris le message et ont adhéré entièrement.

Début 2020, pendant la semaine à Sofia, Yves Dugas a filmé l’enregistrement et les deux concerts du trio. Un film en est le résultat. Sans le soutien et la générosité de mon compère Lionel Martin, qui sait quand ce disque serait sorti ? Qu’ils en soit remerciés ainsi que : Hristo Yotsov, Mitko Karamfilov, Christian Stantchev, Danièle Stantcheva, Mathieu Plantevin , Silvia Stantchev, Cristal Records, Jacques Seigneuret, mes fidèles élèves et aussi l’esprit de Thelonious, qui rôde toujours au-dessus de nous…” – Mario Stantchev