Stéphane Tsapis
Youkali
Résumé
“On imagine une île. La Grèce, ce serait trop simple, et puis ce n’en est pas une à proprement parler. Non. Une île. Pas Paros, parce que Stéphane Tsapis y est déjà allé avec Marc Buronfosse, et que l’île qu’il faut penser, qu’il faut créer de toutes pièces par la musique et les sentiments, par les couleurs et les divagations, elle n’existe que pour le duo de Stéphane Tsapis et Jonathan Orland. Ce n’est pas non plus Manhattan, même si le saxophone de Jonathan Orland y a traîné sa langueur soyeuse, celle qu’on entend dans Beltz, une composition d’Alexander Olshanetsky qui lui préférait sans doute Little Odessa, à l’orée de la presqu’île. Presqu’île ou île presque, le territoire qui s’invente ici n’appartient qu’à eux, même si tout le monde peut y venir sans passeport et en repartir le nez au vent. On y retrouve le Mount Athos, montagne transposée chère à Tsapis, versant abrupt qui est remplis de moines (Full of Monks en anglais) et qui donnent quelques pistes : l’île de Tsapis et Orland a toute sa place dans un recoin chaleureux de Méditerranée, où l’on peut jouer avec une indolence maritime A Hora Mit Tzibeles, traditionnel yiddish joué ici avec une lenteur presque précieuse, qui caresse comme le sable et les vagues.
C’est vaste la Méditerranée. D’autant que l’île semble mouvante. Va-t-elle de Grèce jusqu’au Liban, chemin familier de Stéphane Tsapis ? Un peu, mais c’est sans compter sur le vent, sur le Sharaf nonchalant d’Orland qui détourne le convoi vers le Levant.
Elle va du sud, où les oiseaux de Suez apportent des nouvelles du Sinaï et où les épices des Dardanelles viennent parfumer la musique de toutes les épices de la Mer Noire, comme ce Papirosen bulgare où le piano de Tsapis est touché jusqu’à son corps et son cœur. Ou comme ce Chiribim Chiribom, traditionnel yiddish où Jonathan Orland joue avec les états d’âmes, d’une euphorie primesautière à une tristesse vite chassée par la lumière. L’île bouge ainsi. Est-ce un bateau ? Le Mataroa cher au pianiste ? Non, là encore, l’île qu’on nomme Youkali, dont les cartes sont dessinées par Clémence Monnet et dont l’hymne est écrit par Kurt Weill, est bien terrestre. Jonathan Orland peut y installer ses pénates, ses « Homes » qui lui furent chères. Mais c’est une île au pouvoir magique, qui vous happe tout de suite, et dans laquelle on se voit bien séjourner quelques temps, au milieu des plantes et des oiseaux fantasmagoriques. Youkali, c’est une chimère, il y fait beau, on s’y échappe. Et c’est Weill qui le dit : « L’île est toute petite, mais la fée qui l’habite, gentiment nous invite, à en faire le tour ». On y retournera.” – Franpi Barriaux
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Enregistré par Stéphane Tsapis au Studio Günuk à Saint-Ouen.
Mixé par Antoine Karacostas à Paris.
Masterisé par Benjamin Joubert au Biduloscope à Paris.
Tracklisting
01. A Hora Mit Tzibeles 05:51
02. Yankele 03:40
03. Mount Athos 05:29
04. Kyuchek 01:38
05. Papirosen 05:27
06. Gasn Nigun 03:58
07. Chiribim Chiribom 03:01
08. Rébète un peu pour voir 04:27
09. Oyfn Priptchik 02:55
10. Youkali 04:30
11. Beltz 02:26